« Nous avons du pain sur la planche, du pain à partager ». C'est en ces termes que Fernand Grosjean inaugurait le premier éditorial de notre revue d'histoire. C'était en 1980. À l'origine de ce travail de mémoire, il scellait notre sort... 2186 pages Au Bord de la Mortagne écrites par des passionnés qui partagent leurs recherches, leurs souvenirs. Certains sont historiens, auteurs de livres, d'autres ont tissé des liens avec la population. Ils ont en commun un attachement sentimental à ce petit coin de vie. Le résultat est une revue populaire qui n'est pas immuable parce qu'elle est le reflet de personnalités diverses. Ses pages s'écrivent à partir de témoignages et s'illustrent de documents devenus des archives, parce que rares. Y sont retracés des itinéraires d'hommes, des vies professionnelles, des événements qui marquèrent la cité. Le n° 52 est encore interdisciplinaire avec un sommaire riche.
Des Rambuvetais sont devenus des botanistes de renom reconnus pour leur science et par la Faculté. L'Histoire est faite aussi d'épines, à l'aube de la célébration du centenaire de la Grande guerre, admirons l'art développé par nos soldats dans les tranchées. Des personnalités se découvrent par des actes patriotiques de respect à notre drapeau. Il était un homme engagé dès juillet 1940, nous devons à Maurice Alexandre, à l'origine du réseau FFI du canton, un travail de mémoire. Des personnages étonnants émergent cinq-cents ans après leur passage dans notre église Sainte-Libaire. Un travail méticuleux d'enquêteur pour un édifice qui s'ouvre aux chrétiens en 1511, l'énigmatique signe de la croisée d'ogives parle tandis qu'un travail d'érudition nous fait rencontrer le chanoine Claude Geoffroy, curé de Rambervillers. Devinez notre ancienne ville fortifiée en parcourant les faubourgs du 18e ; un urbanisme actuel qui s'explique par la vente des anciens fossés aux bourgeois où les portes d'accès autrefois à la ville sont toujours nos places : du Fal, du Parmoulin, du Broué, etc. Retrouvez les empreintes d'une vie sociale au 20e siècle par une promenade dans la rue Clemenceau. Suivez aussi le vol du hannetons à Doncières !
2013, année culturelle célébrant la Renaissance en Lorraine. Nous regrettons infiniment notre absence sur le circuit des villes accueillant l'événement. Oui, Rambervillers est riche d'un circuit Renaissance ! Son hôtel de ville fait corps avec un ensemble architectural sur la place et sonne le départ d'un tour de ville de huit maisons Renaissance. Autre lieu méritant d'être au rendez-vous : Autrey et sa chapelle dédiée à saint Hubert. Soutenons la préservation à Bult de la plus ancienne ferme connue des Vosges (1605), menacée de démolition.
Des historiens bénévoles ont, il y a peu encore, organisé des sorties magistrales de découverte sans tralala médiatique, avec la simplicité chaleureuse de ceux qui connaissent intimement leur patrimoine, en présentant aussi parfois l'aspect insolite, mais avec la conscience qui sied, celle de servir l'âme de leur terroir, la leur qui la perpétue
Marie-Claude Ferry
La revue Au Bord de la Mortagne est éditée par l'association
ATELIER ARTS ET HISTOIRE Siège social : Mairie de Rambervillers Direction de publication : Marie-Claude Ferry
Hommage à Louis-Henri fleurence
II avait un caractère bien trempé. Homme de convictions, Louis-Henri Fleurence a rejoint notre association dès 1980. Habitant Lunéville, il découvre que sa ville natale, Rambervillers, est dotée d'une section d'histoire locale.
Accompagné de son épouse, il ne manque aucune réunion, aucune manifestation. Madeleine l'épaule, tape ses innombrables courriers, classe ses archives, l'écoute sans cesse, mais elle est aussi heureuse d'échapper à la passion dévorante de son mari.
Rassemblant une correspondance entretenue avec des historiens, des services d'archives militaires, avec des associations pour la conservation des monuments napoléoniens et de la Grande guerre, il devint à lui seul une bibliothèque à l'esprit critique et à la mémoire vive.
Passionné d'histoire, il édite une brochure : D'azur et d'or, dernier siècle de la Châtellenie de Rambervillers, préfacée par Jean Vartier. Grâce à son opiniâtreté, il s'approprie la science de l'héraldisme en décryptant son langage. Une connaissance entretenue en matière de blason qui lui permet de retracer la chronologie des multiples représentations des armoiries municipales de Rambervillers, 1581 à 1896 et jusqu'à sa représentation définitive par décret en 1902. L'histoire des armoiries il la connaît précisément, la rattachant à cinq siècles d'histoire de la Lorraine. Comme il aime à le dire « c'est un travail artistique, historique et diplomatique ».
La Médaille de Sainte-Hélène, 1870 la défense de Rambervillers et ses Gardes Nationaux, 1914 ses victimes et monuments, la vie sociale et ouvrière de Rambervillers, tous ces événements nationaux et locaux l'habitent et le mobilisent. Il se nourrit d'une importante documentation qui vient étayer ses démonstrations. Il est aussi l'auteur de nombreux articles dans cette revue.
D'un caractère entier, il ne passe rien. Exigeant pour lui-même, il sert aux autres des qualificatifs sans concession. Un homme très passionné, généreux, épicurien, jamais au repos, seulement maintenant pour sa deuxième vie auprès de Madeleine.