.De l'an 2012, il restera sans doute l'empreinte des nombreuses
manifestations organisées, depuis le 6 janvier, en Lorraine, pour fêter
le sixième centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc, « envoyée de
Dieu pour sauver le royaume des lis » alors que la terreur régnait du
côté bourguignon et anglais. Son action personnelle et son courage
étaient déjà loués de son temps. Par la suite, le thème prend peu à peu
des développements inattendus : Jeanne et la Patrie |
Alors que pendant trois siècles de vie posthume un respect quasi unanime se dégage envers elle, au cours des 19e et 20e siècles se produit une curieuse mutation : Jeanne va devenir une sainte, mais aussi une sorte de déesse patriotique, et se trouver compromise dans toutes les passions politiques de ce temps. On s'achemine à la fois vers la canonisation et la transformation en symbole national. Le 30 juin 1884, 250 députés demandent que la République célèbre annuellement la fête de Jeanne d'Arc comme fête du patriotisme.
Lorsque le conflit international éclate en 1914, Jeanne est avant tout la protectrice des poilus. Béatifiée en 1909, canonisée en 1920, elle entre dans les églises. Elle symbolise la victoire. Au lendemain de la guerre, commence le temps du souvenir et de la commémoration. Sa fête nationale est enfin instituée le 10 juillet de la même année. En 1922, Pie XI la déclare patronne de la France et le 11 novembre, date anniversaire de l'armistice, devient fête nationale. La double signification du culte de Jeanne d'Arc, patriotique et religieuse, lui permet d'être présente dans ces deux domaines de commémoration.
Le culte de Jeanne d'Arc est à nouveau disputé dans les années 1930. Pendant l'Occupation, elle devient pour beaucoup le symbole de la Résistance. Elle se trouve dans tous les cœurs et dans toutes les bouches, sur les autels et dans les théâtres, dans les discours et dans les chuchotements de la résistance.
Les palmes des martyrs ne meurent point. Dans ce millésime 2012, honorons le courage héroïque des deux martyrs de la folie des hommes, les bienheureux Jean-François Burté, Rambuvetais, et Antoine de Ravinel, Bayonnais, massacrés à Paris le 2 septembre 1792 pour avoir défendu leurs intimes convictions. Partageons les images de Jeanne la Lorraine, emblème du souvenir, conservées dans nos sanctuaires et nos nécropoles nationales, rappelant à la mémoire toutes les victimes de guerre. Enfin, rendons hommage au sous-lieutenant Raymond Tixier, de la 3e escadrille des Diables rouges basée à Xa-févillers, tombé à Padoux le 10 août 1940, à l'aube du Blitzkrieg.
Marie-Hélène saint-dizier
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