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La signature d’un tableau conservé au Louvre, et attribué au Titien, Le portrait de l’homme au gant, comporterait une légère différence de coloris et de vernis entre le T majuscule et les lettres suivantes: l’empreinte d’un deuxième artiste, dont l’Histoire aurait perdu la trace ? C’est en tout cas ce que se plaît à imaginer Metin Arditi, en créant pour notre plus grand plaisir la figure fascinante du Turquetto: fils d’un juif travaillant pour un marchand d’esclaves de Constantinople, Elie est animé par un besoin irrépressible de peindre. Irrésistible, mais surtout dangereux, car sa religion le lui interdit formellement. Pour survivre, et devenir celui qu’il est vraiment, un artiste, Elie ment, devient Elias le chrétien, et défie la fortune qui lui sourit… Sous la plume élégante et fluide de Monsieur Arditi surgissent tour à tour Constantinople, puis la Venise de la Renaissance, luxueuse, richissime, grandiose, mais où l’orgueil et la vanité ont tout contaminé. Voilà un roman brillant et fort distrayant que nous offre Metin Arditi, où tout est faux, et pourtant, sonne juste. C’est cette maîtrise et cet incroyable talent de conteur qu’ont également reconnu les libraires nancéens, en lui attribuant le Prix des Libraires de la Ville de Nancy. Un prix amplement mérité !

En 1861, alors que la ville de Londres est plongée dans un culte du deuil grandguignolesque à la suite du décès d’Albert, l’époux chéri de la reine Victoria, deux sœurs orphelines, Grace et Lily, se trouvent prises au piège, au cœur d’une conspiration aussi haletante que machiavélique… Après avoir dû quitter un orphelinat, puis une pension de famille tout aussi sordide, Grace et sa sœur Lily, simple d’esprit, vendent chaque jour dans la rue de petits bouquets de cressons, afin de tenter de survivre, et de résister aux coups du sort qui s’acharne sur elles. L’auteur, Mary Hooper, rend ouvertement hommage aux grands romans de Dickens, et c’est particulièrement réussi ! Le portrait du Londres de l’époque est saisissant et particulièrement réaliste ; les gentils sont sans-le-sou, mais astucieux et courageux ; les méchants, cupides et magouilleurs, élaborent des plans diaboliques afin de devenir encore plus riches et plus puissants… Que l’on se rassure, après un démarrage pour le moins abrupt, le sort s’avère délicieusement surprenant, et on ne lâche plus ce roman diablement bien ficelé, et franchement captivant! Pour les adolescents à partir de 14-15 ans, et les adultes avides d’histoires rocambolesques, évidemment.